Lapin parfait
Il arriva début février,
Un nouveau-né tout juste réincarné.
L’accueil était bien trop magnifique,
Une famille tout à fait idyllique.
Deux géniteurs rassasiés d’aventures,
Allaient voir changer leur futur.
Les grands parents complétement gagas,
Car c’est le premier des deux qui arriva.
L’enfant était tellement apaisé,
Lapin parfait, ils le surnommaient.
Pour sa grand-mère c’était bien évident,
Les frères allaient être au Roucas-blanc.
Les deux parents, peut être contre leur gré,
Inscrivirent leurs enfants dans le privé.
Lapin parfait idolâtrait sa grand-mère,
Qui ne lui refusait rien, au contraire,
Allant jusqu’à mettre de côté son frère.
Puis très souvent elle critiquait ses parents,
Surtout son père pour le manque d’argent,
Et de réussite, qu’elle cherchait chez les gens.
Au milieu de tous ces enfants aisés,
Il se sentait bien en infériorité.
Sa demande d’attention croissante,
Lui créa le besoin d’être au centre.
Et pour couronner la chandelle,
Par le lien transgénérationnel,
Il récupéra le boulet paternel :
Un besoin d’être aimé chronique !
Imaginez le mélange diabolique,
Pour un lapin à peine mélancolique.
Parfois il avait honte de sa famille,
Qu’il mentait pour ne pas se sentir fébrile.
Observez donc ce jeune enfant,
Ingénu dans son discernement,
Alimentant ainsi son inconscient.
Lapin parfait était perdu.
Le moment de la carapace était venu.
Pour contrecarrer ces facettes,
Il esquissa une version parfaite.
Un jeune homme rempli d’ambition,
Qui ne laissa pas place à ses émotions.
Tellement exigent avec lui-même,
Qu’il ne permettait pas que on l’aime.
Tant de discipline et de volonté,
Qu’il n’arrivait pas à se gratifier.
Pour accéder au bonheur, il devait être,
Celui qu’il voulait ou devait transparaître.
En se promettant de futures récompenses,
Il s’éloigna bien loin de sa quintessence :
Un homme romantique et sensible,
Simple et amoureux du paisible.
Un poète à ses heures perdues,
Blagueur et surtout ingénu,
Passionné par les choses inconnues.
Le Mexique accéléra le réveil,
Il y partit pour y décrocher le ciel.
Obnubilé par sa réussite,
La peur de l’échec dépassa ses limites,
Faisant du travail son unique acolyte.
S’en suivirent de longues années,
Pleines d’anxiétés autour de ses projets.
Se sentant coupable de ne pas réussir,
Il ne s’octroyait presque plus de plaisir,
Rien ne comptait plus que construire un empire.
Même en prônant la pleine conscience,
Méditant, travaillant sur ses sens,
Il passait à côté de son ignorance.
Mais c’était sans compter sur le cœur,
Qui allait le reconnecter au bonheur.
Les ruptures et chocs émotionnels,
Déclenchèrent enfin l’étincelle.
Lapin parfait s’était rejeté tant d’années,
Créant de lui une version si éloignée,
De son amour et de sa légèreté.
Mais l’heure de se retrouver à sonnée !